DISCOURS D'INAUGURATION

 

Chères mesdames, chers messieurs...

 

     Nous sommes ici avec au moins deux objectifs: fêter la création artistique et amplifier le sens de la diplomatie citoyenne.

 

Il y a déjà 18 mois, nous avons inauguré le Consulat Honoraire de l'Equateur à Lyon, sous la responsabilité de Monsieur Bruno Dufour, ici présent, ouverture précédée par celle du Consulat Honoraire à Strasbourg en 2012, qui sera suivie par l'inauguration du Consulat à Bordeaux prochainement. Je cite ces événements pour que vous puissiez visualiser notre démarche.

 

La vision du Président de la République, Monsieur Rafael Correa, est claire: un pays souverain est un pays qui maintient, enrichit, diversifie, en fin, cultive des échanges avec les autres pays dans une direction précise, l'établissement de la société du bien vivre, du Sumac Kawsay -- comme le détermine la cosmovision des peuples ancestraux des Andes. Cette vision ne peut se faire sans un grand esprit d'ouverture, et je dirais de passion, un esprit qui conjugue à la fois le pragmatisme et l'illusion, voire l'utopie.

 

Puisque l'ambassadeur Carlos Játiva se référera aux enjeux socio-économiques lors de sa conférence mercredi prochain à 18h30, à la Mairie du 6éme arrondissement, permettez-moi ici quelques réflexions autour de la question culturelle, qui est de toute évidence le moteur de ce Festival Interculturel, le 4eme du genre que nous organisons depuis 2011.

 

Un Festival Interculturel est selon nous d’abord et avant tout un espace de rencontre. Comme un textile, il se fait à mesure que se tissent des liens... Créateurs, spectateurs, idées, débats sont les véritables protagonistes de ce projet qui commence à raconter une histoire passionnante, celle de la création contemporaine équatorienne en rapport avec la France.

 

La force de la culture est à mon avis son dynamisme. Il n'y a pas d'esprit critique, et donc de démocratie, sans un environnement culturel actif... Ce festival met en évidence quelques lignes des débats fondamentaux de la société... Hier, à la salle de cinéma Le Comedia, on découvrait avec des nombreux spectateurs un portrait étonnant de Guayaquil. Ce portrait qui prête à discussion est fondamental pour mieux comprendre les paradoxes de la société de consommation, notre société.

 

Aujourd'hui, nous avons l'opportunité de parcourir l'œuvre de Victor Artieda qui a fait de la France son « domicile naturel », ai-je envie de dire. Avec lui, on découvre à la fois le sens de l'abstraction qui pose un grand signe d'interrogation sur l'idée de la forme et aussi de la couleur... Artieda a le mérite aussi de dialoguer dans les eaux infinies de l'œuvre unique, ici et maintenant, comme dit Walter Benjamin, et les paysages intimes de l'œuvre graphique, la gravure notamment.

 

Pas très loin de là, nous retrouvons cette tension dans l'exposition de Isadora Ré, Retratos ecuatorianos, qui tout en évoquant le flux migratoire, au féminin, entre la France et l'Équateur, met l'accent sur les rapports entre photographie et design, et plus précisément, entre espace public et société.

 

Je disais au départ que nous voulons amplifier le sens de la diplomatie citoyenne... Je crois que le sens le plus concret de cette diplomatie se trouve dans la manifestation d'idées diverses qui interpellent tout en enrichissant notre compréhension du monde. Il ne peut y avoir de vraie diplomatie citoyenne, d’ailleurs, sans une vraie liberté de déplacement pour tous. Pensez-y.

 

Daniel Mancero jeu se jeux à fond, mettant en cause non seulement le lieu de la mémoire musicale, mais aussi son rôle dans le devenir de la musique d'aujourd'hui. Il appelle ce phénomène "musique post coloniale". Carlos Gallegos, et le Teatro de la Vuelta, s'est donné comme tâche mais aussi comme opportunité le défi de retrouver l'individu dans l'ampleur de ce monde. Son « Quartier kaléidoscope » est un instrument qui sert à ne pas rater les méandres de cette histoire qu'est la nôtre, avec une bonne dose de tendresse et d'humour.

Ce Festival se termine là où il commence, c'est à dire par la poésie qui est le fin fond de tout ceci... Pour nous y conduire, nous aurons avec nous Ramiro Oviedo, auteur iconoclaste, passionnée, qui n'a jamais oublié d'où on vient et vers où nous avons intérêt à y aller.

Ce soir, nous sommes ici pour fêter aussi ce trajet élaboré avec la complicité de la Maison d'Amérique latine en Rhône-Alpes, et tout particulièrement la complicité de Marie Chantal Cassagnou. Grâce aussi a Bruno Dufour, notre consul honoraire, et son équipe de bénévoles, mes chers compatriotes. Marie Chantal et Bruno nous ont aidé à contacter plusieurs structures culturelles et institutions qui nous ont réservé une place dans leurs espaces. Nous sommes reconnaissants, du fond cœur. Je vous souhaite donc une superbe semaine, des belles découvertes et rencontres.

 

Vive l'amitié entre nos deux pays!

Ramiro Noriega - Attaché culturel